Fils d’un cultivateur, devenu cheminot, et d’une couturière, René Panisello, qui ne reçut aucun
sacrement religieux, entra à l’Ecole normale d’instituteurs de Carcassonne. Il se maria en décembre
1926 à Narbonne avec une institutrice. Ils furent nommés à Ornaisons (Aude). Le couple eut un
enfant.
Membre du Syndicat national des instituteurs, Panisello, athée, qui adoptait « une attitude assez
sectaire par rapport à la religion », selon sa petite-fille, fut élu au conseil syndical de la section
départementale du SNI en 1934 et devint membre du bureau, le 2 juillet 1936, chargé de la défense
laïque. Dans les débats qui suivirent dans le conseil syndical, s’opposant aux analyses acceptant le
réarmement pour combattre les menaces des états fascistes, il n’approuva pas le pacifisme de la
direction nationale du SNI mais, en mars 1937, suivit la position intermédiaire du secrétaire de la
section René Azalbert*, acceptant la défense nationale mais demandant à la CGT de ne pas engager « définitivement le syndicalisme ». En juin 1938, il fut réélu au conseil syndical se présentant sur la
liste hostile au pacifisme comprenant Joseph Cerny* et Jacques Ouradou*. Gréviste le 30 novembre
1938, il fut sanctionné de huit jours de retenue de salaire. Le couple accueillit un enfant de
républicain espagnol.
Dans les années 1932-1935, avec Georges Guille*, il fut un des fondateurs des Jeunesses
socialistes dans l’Aude. Il était en 1935 le secrétaire de ce mouvement à Lézignan. Délégué à la
propagande du Parti socialiste SFIO, lors des élections législatives de 1936, il participa à la campagne
de Georges Guille* contre les radicaux dans la circonscription de Lézignan. Libre penseur, francmaçon,
il était en 1934 orateur de l’atelier de Narbonne. Officier de réserve, il fut cassé de son grade
par le ministre de la guerre Edouard Daladier.
Au début de la guerre, Panisello, mobilisé comme soldat de deuxième classe, fut fait prisonnier le
14 mai 1940. Pendant sa captivité en Allemagne, il organisa dans une usine de Marienberg une équipe de sabotage et, dénoncé, fut traduit devant un tribunal militaire. Envoyé, les neufs derniers
mois de la guerre, au camp de Flossenburg, il s’évada au moment du transfert en territoire tchèque et
fut recueilli par les troupes américaines.
Après la Seconde Guerre mondiale, Panisello, qui avait été mis à la retraite d’office, travailla
comme comptable chez un négociant en vins à Capendu (Aude), en attendant sa réintégration dans
l’Education nationale. Il termina sa carrière à Narbonne (Aude) comme professeur d’enseignement
général (mathématiques, dessin, musique) au collège de la Cité.
Panisello, secrétaire de la section socialiste locale, figura en troisième position sur la liste
socialiste SFIO pour l’élection du 2 juin 1946 de l’Assemblée nationale constituante, après le retrait
de la candidature d’Émile Roux pour raison de santé.
Jean Lenoble le présentait ainsi : « René Panisello, contrairement à Émile Roux, n’a pas la
réputation d’être un socialiste ”modéré” ; résolument unitaire et le faisant savoir il n’hésite pas non
plus à afficher un laïcisme combattant de nature à inquiéter la petite frange des électeurs catholiques
qui seraient tentés d’accorder leurs suffrages aux socialistes ; au cours d’une réunion électorale il
aurait en outre déclaré que seul le monde ouvrier retenait son intérêt ». Membre de la commission administrative de la section socialiste SFIO en mars 1958, minoritaire
sur l’attitude à avoir sur la question algérienne, il était le correspondant du Comité socialiste d’études
et d’action pour la paix en Algérie. Mais, appuyant le maire de Narbonne, Louis Madaule, accusé par
Aimé Huc de profiter de sa situation de maire et d’entrepreneur, il fit prendre position à sa section
contre Huc qui était également minoritaire. Il adhérait toujours au Parti socialiste à la fin de sa vie.
Panisello, membre du bureau de l’association des Combattants volontaires de la Résistance
pendant quelques années, président de la section de Narbonne de la Fédération nationale des
déportés, internés, résistants, se rendait dans les établissements scolaires dans le cadre du concours
national de la Résistance et de la déportation.
Retraité au début des années 1960, avec son épouse, Panisello habitait La Llagonne (Pyrénées-Orientales) sans quitter sa résidence à Narbonne où se déroulèrent ses obsèques.
SOURCES : Arch. Mun. Narbonne (Paul-Henri Viala). Presse syndicale. — DBMOF, notice rédigée à partir des notes de R. Debant. — Archives André Seurat. — Sites Internet. — Renseignements
fournis par Renée Vernet, petite-fille de l’intéressé. — Jean Lenoble, Le Parti socialiste dans l’Aude, de la Libération à la fin du XXe siècle, Atelier du Gué, Fédération socialiste de l’Aude, 2005, 247 p. — Note de Fabien Conord.
Jacques GIRAULT, Gilles MORIN